Ficha n° 2571
Creada: 27 febrero 2011Editada: 27 febrero 2011
Modificada: 27 febrero 2011
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Autor de la ficha:
Christophe BELAUBREPublicado en:
ISSN 1954-3891Revue Etudes Caribéennes, n°20 /2011
- Palabras claves :
- Istmo, Culturas del Caribe, Integración
- Tipo de noticia:
- Convocatoria
- Lugar:
- Paris, Francia
- Fecha:
- 27 de febrero de 2011
- Resumen:
-
La partie caribéenne de l’isthme centraméricain fait depuis la conquête figure d’espace intermédiaire entre Amérique centrale et Caraïbe. Malgré une cohérence climatique, historique, culturelle ou territoriale évidente, très peu d’études ont cherché à appréhender la façade caraïbe en tant qu’ensemble régional. A contrario des terres occidentales et centrales anciennement et majoritairement occupées, cet espace a surtout joué un rôle de zone refuge indigène (Aguirre Beltran1) depuis la conquête du continent par les Espagnols. Ces façades maritimes longtemps délaissées par les Etats nationaux présentent aussi le paradoxe d’être empreintes d’une forte marginalité tout en se situant au cœur du système-monde qui émerge à l’époque moderne, comme l’indique la récurrence de logiques d’enclaves sur ces littoraux (trafics, bananeraies, tourisme…).
Cette dichotomie de l’isthme est omniprésente dans les représentations cartographiques, les productions littéraires, voire les conceptions géopolitiques des principaux acteurs de l’isthme. Les particularités de la zone en termes de milieux (tierras calientes, denses forêts tropicales…) les rapprochent à ce titre davantage des espaces insulaires qui leur font face au sein du grand bassin caraïbe, plutôt que du versant pacifique de l’isthme. Difficile pourtant de rattacher cette façade continentale à l’espace insulaire caraïbe : même si elle forme avec lui une zone de contact en termes de cultures, d’échanges, de peuplement et par la similarité des conditions géographiques, elle s’en distingue évidemment par sa continuité isthmique et les formes de colonisations qui ont conduit aux actuels sociétés et Etats-nations centraméricains. Autrement dit, elle constitue un espace frontière, à la fois au sens de limite, de marge et d’interface.
L’objet de ce numéro spécial est de mettre en évidence la spécificité de la « Caraïbe centraméricaine », espace fonctionnant à la manière d’une interface entre Amérique centrale et Caraïbe insulaire. Les logiques territoriales, géopolitiques ou culturelles s’inscrivent en effet dans des dynamiques transnationales surtout sensibles à l’échelle régionale. Il existe plusieurs façons d’interroger la pertinence d’une façade caraïbe de l’Amérique centrale.
_ La construction de cette espace, zone d’affrontement entre populations indigènes, administration coloniale espagnole et représentants des autres puissances européennes, lui donne-t-elle une consistance particulière ? Terre de flibuste ou symbole d’un devenir indigène en marge du joug colonial pendant trois siècles, son statut de lisière de la Méditerranée américaine s’accentue à la fin du 19ème siècle avec l’emprise des compagnies bananières états-uniennes. Les façades caraïbes constituent néanmoins toujours pour les Etats centraméricains des espaces à aménager, à intégrer ou à conquérir. Cette double influence est-elle davantage porteuse de fragmentation ou d’intégration ?_ Les terres caraïbes, qui présentent une forte homogénéité en termes de milieux, ont toutefois été aménagées de manière variée. Caractérisée par l’agriculture de subsistance de la zone refuge, la façade caraïbe a pourtant subi des mutations territoriales profondes durant le dernier demi-siècle, la forte croissance démographique du reste de l’isthme trouvant un exutoire sur des basses terres où l’intense colonisation agricole ne se dément pas. Au cours des années 1990, l’établissement de larges réserves naturelles transfrontalières s’est efforcé de pacifier ces deniers espaces considérés comme vierges, et désormais évocateurs de biodiversité (Pasos2). Est-il possible pour autant d’y constater une (des) territorialité(s) spécifique(s) ?
_ Peut-on parler enfin d’une culture propre à cette Caraïbe centraméricaine ? Cet entre-deux est en effet un lieu unique d’expérimentations et de métissages, comme dans la première colonisation du Darién par Balboa, la tentative de Bartolomé de Las Casas d’établir une Vera Paz indigène, les épopées miskitos ou garifunas… Les cultures produites par des métissages similaires entre populations afro-américaines, indigènes et européennes, souvent soudées par leur particularisme vis-à-vis des histoires nationales, ont-elles contribué à l’émergence de sociétés « costeñas » ?
Les contributions sollicitées par cet appel à contribution permettront de dresser un état des lieux pluridisciplinaire de la « Caraïbe centraméricaine », en saisissant cet objet, au-delà des frontières nationales, comme un ensemble « régional ». On privilégiera donc les études de l’ensemble (au détriment des monographies locales), ou encore les analyses locales qui renvoient à une problématique régionale, à travers trois approches complémentaires :
_ La façade caraïbe comme « enclave économique». Le contrôle de ressources variées car réinventées depuis plusieurs décennies constitue le point d’ancrage des politiques de développement à caractère transnational. A la suite des enclaves bananières et en droite ligne de la flibuste ou des comptoirs britanniques, ces logiques persistent aujourd’hui (tourisme international, zones de plantations pour le marché mondial, maquilas industrielles, zones « franches »…), conduisant parfois au développement spectaculaire de nouvelles métropoles touristiques (Cancún au Mexique) ou industrielles (San Pedro Sula au Honduras). Quels rapports peut-on établir avec les logiques de développement récemment constatées (régionalisme « ouvert », corridors maritimes ou transisthmiques, réaménagements portuaires ou intégration des littoraux par l’activité touristique) ?
_ La façade caraïbe comme ensemble culturel et social. Cet autre caractère « transnational » de la région est incarné par les populations métissées, indiennes ou noires, dont la circulation s’accroît avec la seconde colonisation des Caraïbes et l’intensification de l’esclavage. Les groupes, langues, et expressions culturelles des différentes sociétés de la Caraïbe centraméricaine donnent-ils l’image d’une Caraïbe en voie d’intégration, ou se trouvent-elles toujours fragmentées par des constructions nationales sans cesse questionnées par ces populations de marge ? Quel peut-être le rôle des relations nouées avec les identités caraïbes insulaires, notamment lorsqu’elles sont relayées par des communautés migrantes « métissées », par exemple aux Etats-Unis ? Aujourd’hui, les contextes transnationaux d’expression collective et politique (mouvements de populations afro-descendantes, organisations associatives et ONGs, voire réseaux de communautés migrantes) viennent-ils renforcer ces identités caraïbes spécifiques, assurant la pérennité des sociétés costeñas ?_ La façade caraïbe comme espace géographique, jouant tour à tour ou simultanément un rôle de marge, de frontière ou d’interface. La spécificité régionale par rapport au versant pacifique de l’isthme centraméricain s’explique d’abord par des critères de définition « naturels », liés aux interrelations entre Mer des Caraïbes et rivages centraméricains. A travers son double sens de zone et de ligne, la notion de frontière est évidemment centrale pour saisir les rapports entretenus entre mondes caraïbes et latino-américains, la façade caraïbe centraméricaine balançant en permanence entre hermétisme et ouverture. D’autre part, le caractère d’espace de marges de la zone présente d’importantes discontinuités spatiales, son fonctionnement économique et politique pouvant aussi bien être compris comme une « double marge » totalement dominée que comme une marge triomphante (Hardy3). En dernier lieu, cet espace intermédiaire peut être conçu comme une interface, la façade jouant le rôle de synapse entre un avant et un arrière-pays de plus en plus interconnectés par des échanges variés, notamment au sein de chaque entité nationale.
Calendrier
- 28 février 2011 : date limite d’envoi de proposition d’article – 1er juin 2010 : réception des articles – juin – août 2011 : évaluation des textes par le comité scientifique – septembre – octobre 2011 : finalisation des textes
Coordination du numéro
- Aurélia Michel et Camille Le Masne (SEDET – Université Paris 7 – Paris Diderot)
Adresses d’expédition : aurelia.michel@univ-paris-diderot.fr et camasne@hotmail.com
Notas de pie de página
1 AGUIRRE BELTRAN, Gonzalo, Regiones de refugio, El desarrollo de la comunidad y el proceso dominical en mestizo america, Instituto Indigenista Interamericano, Mexico, 1967, 367 p.
2 PASOS, Ruben (coord.), El ultimo despale, la frontera agrícola centroamericana, GRET, San José, 125 p.
3 HARDY, Sébastien, “La vallée de Sula (Honduras), une marge triomphante ?”, in Mosella, 2003, tome XXVIII, n°3-4, p. 221-233.